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Photo du rédacteurVirginie Basecq

La danse contemporaine en cinq questions

Quel mouvement ?


« La danse, c’est le mouvement. » -- Loïe Fuller


En danse contemporaine, le mouvement est exploré sous toutes ses facettes. Il est mis en forme, transformé, déformé, déconstruit, démultiplié, et «même l’immobilité est un mouvement», selon Merce Cunningham.


Danseurs et chorégraphes jouent sur le poids, les appuis, la fluidité, le rythme, la respiration, pour donner au mouvement sa qualité spécifique. Qu’il soit virtuose, entravé, organique, raréfié, minimal ou encore quotidien, le mouvement en danse contemporaine peut suggérer, raconter, exprimer ou se suffire à lui-même.

À partir de là, le mouvement s’ancre dans une pensée du corps et de la danse.



Quel processus de création ?


« Au début d’un projet, on devrait juste avoir à écrire : “Voici les désirs, l’état des désirs de ce projet…” On devrait juste décrire un espace, une idée (…). » -- Mathilde Monnier


La création d’un spectacle se déroule en plusieurs étapes (conception, structuration, répétitions) qui peuvent se succéder, se chevaucher ou se superposer.

Le travail avec les danseurs joue parfois un grand rôle dans la structuration d’une œuvre ou, au contraire, vient surtout concrétiser ce qui a été décidé en amont par le chorégraphe.

Les modes de composition sont multiples :

  • collage/montage,

  • construction d’un récit,

  • répétition et variation,

  • accumulation,

  • « règles du jeu », etc.

Certaines propositions, notamment dans la « composition en temps réel », s’élaborent en direct devant les yeux des spectateurs.



Quels liens aux autres arts ?


« Lire aussi est un art vivant. » -- Robert Filliou


L’histoire de la danse est marquée par des collaborations artistiques.

Chorégraphes, compositeurs, plasticiens, créateurs de haute couture, écrivains, cinéastes, artistes numériques peuvent être réunis autour d’un projet de spectacle.

Les modalités d’échanges sont multiples.

Elles vont de la longue concertation pendant la conception de l’œuvre à l’indépendance totale de chaque artiste.


La danse contemporaine adopte parfois des démarches relevant d’autres arts et elle les influence à son tour. Par ailleurs, des œuvres transdisciplinaires associent à parts égales des créateurs venus d’horizons différents. Les frontières de la danse ne cessent d’être repoussées, selon un phénomène observable dans les autres arts.


Quel corps ?


« J’étais véritablement intrigué par l’infinie multiplicité d’apparences dans un seul corps. » -- Xavier Le Roy


Dans la danse contemporaine, tous les corps s’affichent : beaux, laids, minces, gros, harmonieux ou étranges, virtuoses, sportifs, amateurs, androgynes ou travestis, habillés ou nus. Il n’y a plus de modèle. C’est surtout le travail du corps qui est renouvelé.


Nourri de multiples approches du mouvement, le danseur contemporain cherche à affiner la conscience de son corps. Celui-ci est à la fois un instrument, une matière sensible et un moyen de s’affirmer en tant que personne. Autant de façons d’être présent sur la scène et dans le monde.



Une danse contemporaine ?


« Je suis danseur, je danse, et les formes que prend la danse aujourd’hui sont certes étranges… » -- Boris Charmatz


Selon que l’on se réfère à la danse, à l’art, à l’histoire, le terme « contemporain » n’a pas le même sens. Dans la création chorégraphique, en France, ce qualificatif commence à être largement employé début des années 1980.


Le « contemporain » désigne alors une danse créée par des « auteurs » qui cherchent à se dégager des styles classique, néoclassique et moderne. Ces chorégraphes de la « nouvelle danse » se sont nourris de démarches venues des États-Unis, pour leur approche du mouvement dansé, de l’Allemagne, pour la danse d’expression, du Japon, pour l’apprentissage d’autres techniques corporelles. Ils s’engagent dans de nouvelles approches du mouvement, du corps et de la composition, dans le sillage des transformations initiées dans les années 1960 et surtout 1970.

Dans les années 1970, en France, la danse contemporaine est en gestation.

Dans les années 1980, elle fuse et conquiert un statut.

Au milieu des années 1990, elle refuse et se fait « conceptuelle ».

Même ceux qui ont beaucoup déconstruit à un moment reconstruisent. Cela s’appelle l’histoire.


Aujourd’hui la danse contemporaine fusionne. Elle s’empare de son histoire comme des actualités et des géographies. Elle hybride les temps, les lieux et les styles.

Mais si elle reste contemporaine, c’est surtout par la teneur des enjeux qu’elle se donne.


Source : Exposition La danse contemporaine en question, Institut français

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