3. L’élitisme
À première vue, la danse classique semble terriblement élitiste. Nous allons donc, dans un premier temps, définir ce terme et tenter ensuite de comprendre comment l’élitisme se manifeste dans le milieu de la danse. Cette liste, non-exhaustive, de compétences étudiées précédemment est-elle réellement justifiée ?
3.1 Définition
L’élitisme est une attitude ou politique visant à former et à sélectionner les meilleurs éléments d'un groupe sur le plan des aptitudes intellectuelles ou physiques, aux dépens de la masse.
3.2 Présence dans le milieu de la danse
« Alors c’est là qu’on retrouve tout l’élitisme du physique… C’est frustrant pour un danseur qui veut faire le métier, mais qui n’a pas le physique. Le physique n’a rien à voir avec le poids, mais c’est surtout une question de biométrie, les dimensions du squelette. Tout d’abord, il faut un fort cou-de-pied, quand on l’a, on a la verticalité... Au niveau de la souplesse, il faut de longues jambes, un petit bassin pour que les articulations des hanches ne soient pas étouffées, une colonne vertébrale la plus droite possible, un petit buste. J’ai connu des danseurs magnifiques, mais qui n’avaient malheureusement pas le physique pour entrer dans les compagnies qu’ils souhaitaient. J’ai toujours été très honnête avec mes élèves et donc je leur disais que ce ne serait pas possible… » Édith Quignon
Il n’y a pas de doutes, la danse classique est élitiste. Elle est élitiste au niveau du physique, il faut une biométrie bien précise pour pratiquer la danse classique professionnellement. La biométrie est l’étude statistique des dimensions et de la croissance des êtres vivants. C’est d’ailleurs pour cela que dans les plus grandes compagnies de ballet, la première étape des auditions est l’envoi d’une radiographie complète de son squelette. Grâce à celles-ci, on peut directement éliminer les candidats qui ne seront jamais physiquement capables de danser professionnellement. Cette sélection est dure à cause de la verticalité et de l’équilibre nécessaire à la pratique de la danse classique. Si notre corps ne permet pas l’obtention de ces deux fondamentaux, le travail intensif de la part du danseur pour les corriger risque de causer de nombreux problèmes de santé.
« Nous ne travaillons pas avec les jeunes danseurs en se basant uniquement sur leurs prédispositions naturelles, contrairement aux écoles en Russie et les grandes écoles où ils offrent une scolarité aux élèves qu’ils aiment. » Slawomir Woźniak
Pour entrer dans des écoles comme l’Opéra de Paris, il y a de nombreuses étapes.
Dans un premier temps, les élèves envoient un dossier d’inscription dans lequel ils précisent leur parcours, leur poids, leur taille et quelques photos.
Ensuite, les élèves sont sélectionnés pour faire un stage d’une semaine au sein de l’école, à l’issu de ce stage les jeunes danseurs passent un concours et ils sont acceptés ou non pour un stage de six mois à un an dans l’école, mais en tant que stagiaire.
À la fin de cette période d’essai, ils devront passer un dernier examen qui peut-être leur permettra d’intégrer enfin l’école de l’Opéra de Paris.
À savoir que tous les ans les élèves ont des examens qui remettent en cause leur place dans cette école, ils peuvent être renvoyés car leur technique n’est pas suffisante, mais aussi si un enfant ne grandit pas suffisamment de même s’il grossit .
Ensuite, chaque compagnie recherche un profil bien précis de danseurs.
Des pays comme l’Italie et l’Espagne, par exemple, recherchent plutôt des danseurs assez petits, contrairement à la Russie et aux Pays-Bas qui demandent quant à eux des danseurs relativement grands. Les danseurs doivent donc bien se renseigner sur les attentes des compagnies et des écoles avant de passer une audition.
Mais le ballet est également exigeant d’un point de vue intellectuel. Il demande une bonne compréhension des mouvements pour être capable de les reproduire le plus parfaitement possible. Il nécessite aussi une certaine intelligence artistique ; la musique a une place extrêmement importante dans le milieu, il faut savoir écouter et ressentir pour transmettre des émotions à son public.
« C’est peut-être triste à dire, mais je ne suis pas la seule à le penser, et c’est parce que je le vis que je le pense, la danse classique est élitiste. Il faut être polyvalent, il faut avoir certains dons. On ne peut pas faire un danseur avec quelqu’un qui n’a ni facilités physiques, ni musicalité, ni une bonne gestion de l’espace et surtout si elle n’a aucun ressenti émotionnel, c’est impossible d’apprendre à un élève de ressentir une émotion » Caitlin Maillé
Le danseur doit être doté d’une certaine force de caractère pour encaisser : la concurrence, les remarques négatives de certains professeurs et chorégraphes, les courbatures quotidiennes… De nombreux élèves abandonnent car ils ne supportent pas la discipline infligée par la danse classique. La passion est dès lors nécessaire pour réussir et s’épanouir dans le monde de la danse.
Conclusion
Les stéréotypes à propos de la danse classique ne manquent pas. On peut citer par exemple : « la plupart des danseuses sont anorexiques, la concurrence est rude entre les danseurs, cet art est dangereux pour la santé, la danse est trop rigoureuse… » Parmi ceux-ci, certains s’avèrent malheureusement corrects.
Tout d’abord, on ne peut pas négliger l’importance d’avoir une biométrie adaptée à la danse classique. Tout le monde n’est pas destiné à pratiquer cette discipline professionnellement, d’ailleurs, il existe peu de personnes qui remplissent l’entièreté des critères requis. Ces derniers sont basés sur les fondamentaux de cet art, c’est-à-dire, la verticalité, l’en-dehors et l’équilibre. Pour être vertical, il faut absolument avoir un cou-de-pied. Ensuite, l’en-dehors ne doit pas être limité par une gêne osseuse et l’équilibre requiert la maîtrise de la verticalité et de l’en-dehors. L’hygiène de vie a également son importance. En effet, une danseuse ne doit jamais être en surpoids ou en insuffisance pondérale. Ces troubles alimentaires ont de nombreuses conséquences sur les performances des danseurs, aussi bien techniquement qu’artistiquement.
L’élitisme est bel et bien présent dans le milieu, d’autant plus, si l’on souhaite entrer dans des écoles de renommées comme l’Opéra de Paris et les grandes écoles russes. Les élèves doivent passer de nombreux examens qui évaluent dans un premier temps leurs capacités physiques.
Mais au-delà des critères physiques, les élèves seront jugés sur leur technique, leur persévérance ainsi que leurs compétences intellectuelles comme la mémorisation rapide, la musicalité, la gestion de l’espace, le sens artistique…
Dans certaines compagnies, les méthodes de sélection sont bien plus choquantes ; les danseurs doivent envoyer une radiographie complète de leur squelette pour que les directeurs puissent analyser les prédispositions physiques des candidats. De plus, comme la danse classique est une discipline exigeante, tous ne supportent pas la pression qui est constamment exercée sur leurs épaules. Les futurs danseurs doivent développer une certaine force mentale pour ne jamais abandonner.
Les critères physiques sont nécessaires pour devenir professionnel. Tout d’abord, ceux-ci maintiennent un excellent niveau au sein des compagnies de ballet. Ensuite, si un danseur n’a pas les aptitudes physiques principales, le travail qu’il devra fournir pour compenser ces défauts risque d’entraîner de nombreuses blessures car il réalisera des mouvements anti physiologiques pour lui. Le corps est l’outil de travail des danseurs, dans tous les cas, les artistes doivent travailler en le respectant.
La danse classique est un art, l’objectif est donc de transmettre un message et des émotions. Je pense donc que la sensibilité artistique du danseur a également son importante, l’âme d’un artiste ne s’invente pas, l’artiste doit se démarquer en se mettant en valeur, cela implique que le corps de celui-ci doit être capable de réaliser la technique classique.
Source : https://travaux.indse.be/index.php/Les_crit%C3%A8res_physiques_en_danse_classique_sont-ils_trop_%C3%A9litistes%3F#3._L.E2.80.99.C3.A9litisme
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